Tamouz

Georges Lahy Par Le 04/07/2024 1

Du Dieu Mésopotamien à la Symbolique Kabbalistique

7 juillet 2024 = 1er Tamouz

Dans les mythes antiques, Tamouz occupe une place centrale en tant que divinité de la végétation et de la régénération. Originaire de la mythologie sumérienne sous le nom de Doumouzi, il est assimilé à Tamouz dans les cultures akkadienne, babylonienne et assyrienne. Sa légende, son symbolisme et ses rites ont profondément marqué les peuples de la région, influençant notamment les traditions hébraïques et, par extension, la Kabbale.

Tamouz dans la Mythologie Mésopotamienne et Babylonienne

Tamouz est principalement connu pour son association avec la déesse Inanna (ou Ishtar en akkadien). Le mythe le plus célèbre raconte la descente d’Inanna aux Enfers, où elle doit sacrifier Tamouz pour pouvoir revenir à la vie. Ce cycle de mort et de résurrection symbolise les saisons agricoles : la mort de Tamouz représente la sécheresse estivale, et sa résurrection marque le retour de la fertilité.

Les rites associés à Tamouz étaient empreints de lamentations et de pleurs, particulièrement lors des périodes de sécheresse. Ces cérémonies, célébrées au début de l’été, visaient à garantir la renaissance de la végétation. Cette tradition est évoquée dans le Livre d’Ézéchiel : « Il me conduisit à l’entrée de la porte du Temple de Yhwh, qui est au nord ; et voici, là étaient des femmes assises, pleurant Tamouz » (Ézéchiel 8:14).

Le Mois de Tamouz dans le Calendrier Hébraïque et Arabe

Le mois de Tamouz [תמוז] dans le calendrier hébraïque, correspondant à juin-juillet, est marqué par des jours de jeûne et de deuil. Le 17 Tamouz commémore la brèche des murailles de Jérusalem avant la destruction du Second Temple. Ce jour est cité dans la Mishna : « Cinq événements sont arrivés à nos ancêtres le dix-sept Tamouz... les Tables de la Loi furent brisées, le sacrifice quotidien fut interrompu, la ville fut envahie, Apostomos brûla la Torah et une idole fut érigée dans le Temple » (Mishnah Ta’anit 4:6).

La période est synonyme de chaleur et de sécheresse, rappelant les anciens rites de Tamouz. La Kabbale associe également ce mois à des périodes de jugement et de purification, comme évoqué dans le Séfér Yétsirah : "Il régna sur la lettre ח, la couronna et la forma dans le monde en Cancer, dans l’année en Tamouz, et dans l’âme en la jambe gauche » (Sefer Yetzirah 5:2). De même, dans le calendrier arabe, le mois de Tamouz [تَمّوز] conserve ce lien étymologique et symbolique avec la chaleur estivale et la transformation de la nature.

La Tradition Kabbalistique et l’Influence de Tamouz

La Kabbale a absorbé et adapté divers éléments des cultures environnantes, y compris ceux liés à Tamouz. Voici quelques aspects où l’influence de Tamouz est perceptible dans la Kabbale :

  1. Symbolisme de la Mort et de la Renaissance : La Kabbale met l’accent sur les Guilgoulim et les Shemitoth, les cycles de transformation, d’exil et de rédemption, parallèles aux cycles naturels de mort et de renaissance symbolisés par Tamouz. Le processus kabbalistique de Tiqoun (réparation) peut être comparé à la régénération symbolisée par la résurrection de Tamouz. Selon le Pirkei DeRabbi Eliezer, « Le dix-sept Tamouz, Moïse brisa les Tables et tua les idolâtres... ce jour-là, Dieu monta avec le son du shofar, comme il est dit : ‘Dieu monta avec un cri de joie’ » (Pirkei DeRabbi Eliezer 46:2).
  2. Mystères de l’Exil et de la Délivrance : La descente d’Inanna et le sacrifice de Tamouz aux Enfers trouvent un écho dans les concepts kabbalistiques d’exil (Galouth) et de rédemption (Géoulah). Les lamentations associées à Tamouz résonnent avec les pleurs et les prières pour la délivrance dans la Kabbale, comme le mentionne le Pri Êts Ħaim : « En Tamouz, le jugement est strict (Dina Qashia)... ainsi comme Rachel pleure pour ses enfants, et se sépare, ce qui symbolise la destruction » (Pri Êts Ħaim, Porte de la Nouvelle Lune 3:27).
  3. Influence sur les Rites et les Prières : Les prières et les rituels kabbalistiques pour la protection et la régénération pendant les périodes de sécheresse et de difficulté montrent une influence possible des anciens rites de Tamouz. Les prières pour la pluie et la bénédiction des récoltes, essentielles dans la Kabbale, peuvent être vues comme des adaptations des rituels pour Tamouz.
  4. Éléments Astronomiques et Astrologiques : La Kabbale intègre également des aspects astrologiques, et le mois de Tamouz, gouverné par le signe du Cancer, est associé à des thèmes de transformation et de protection. Cette connexion astrologique peut être une évolution des anciennes croyances associées à Tamouz.

Tamouz du point de vue de la guimatria

Le mois de Tamouz, profondément enraciné dans les traditions antiques, nous offre une période de réflexion et de transformation spirituelle. En explorant la guimatria de Tamouz [תַּמּוּז], qui est 453, nous découvrons une constellation de termes et d’expressions qui enrichissent notre compréhension de cette saison particulière.

[Tous les termes hébreux entre crochets ci-dessous ont une guimatria de 453]

En Tamouz, je ressens profondément l’Ahavah Nafshi (« amour de mon âme » [אָהֲבָה נַפְשִׁי]), qui incite à rechercher une connexion plus profonde avec l’Adon Bashamayim (le Maître dans les cieux [אָדוֹן בַּשָּׁמַיִם]). Cette quête de spiritualité est intimement liée à l’Ahavath Adam [אָהַבְתָּ אָדָם], la philanthropie et l’amour pour l’humanité, nous rappelant notre devoir de compassion et de générosité même dans les moments de crise.

La période de Tamouz est marquée par des événements historiques et spirituels qui invitent à la gratitude envers Él Hodaoth [אֶל הוֹדָאוֹת], le Dieu des actions de grâce. Nous nous tournons vers les mots du Psaume, « Yhwh ! Prête l’oreille à mes paroles, entends ma Binah » (Amréi Haazinah Yhwh Binah Haguigui [אֲמָרַי הַאֲזִינָה יְהוָה בִּינָה הֲגִיגִי׃]), cherchant la Sagesse et la Compréhension pour traverser les épreuves.

Les énergies de Tamouz nous confrontent également à notre nature primitive, représentée par Behémoth [בְּהֵמוֹת], rappelant la dualité de notre existence. Cette période de transition nous invite à transcender notre bestialité et à atteindre des niveaux plus élevés de spiritualité. Tamouz est aussi le moment de la purification intérieure, symbolisée par le Bén Shemonéh [בֵּן שְׁמוֹנֶה], évoquant un potentiel encore à réaliser.

Dans cette quête de vérité, Zéh Éméth (« c’est vrai » [זֶּה אֱמֶת]), nous examinons nos croyances et nos actions pour aligner notre vie sur des principes authentiques. La recherche de la complétude divine, Ħatsi HaShém (« moitié du Nom » [חֲצִי הַשֵּׁם]), nous pousse à combler les lacunes spirituelles et à atteindre une harmonie profonde, illustrée par la Ħitouk Hazahav [חִתּוּךְ הַזָּהָב], la « section dorée » ou le nombre d’or.

Le Yom Hashiviî [יּוֹם הַשְּׁבִיעִי], le « septième jour », nous rappelle l’importance du repos et de la réconciliation spirituelle. En Tamouz, nous interrogeons notre réalité avec la question : Mah Zoth ? (qu’est-elle ? [מַה־זֹּאת]), cherchant des réponses profondes et transformant la douleur en opportunité de croissance. « L’outil du foyer », Maħtah [מַחְתָּה], symbolise le travail nécessaire pour entretenir notre feu spirituel.

L’espoir et la rédemption, incarnés par le Mélékh haMashiaħ [מֶלֶךְ הַמָּשִׁיחַ], le « Roi Messie », nous guident à travers cette période de transformation. Nous cherchons à raviver notre Néfésh Ħayah [נֶפֶשׁ חַיָּה], notre « âme vitale », en découvrant le « secret du Ħashmal », Sod haħashmal [סוֹד הַחַשְׁמַל]. La purification et la transformation sont symbolisées par le « bois soufré » de l’Arche de Noé, Êtsi-gofér [עֲצֵי־גֹפֶר], nous invitant à nous libérer des impuretés spirituelles.

Enfin, Tamouz nous inspire à atteindre l’idéal du Tsadiq Gamour [צַדִּיק גָּמוּר], le « Juste accompli », nous rappelant que même dans les moments de destruction et de jugement, il y a toujours une opportunité de renouveau et de croissance spirituelle. Par l’amour, la vérité, la gratitude et la quête de Sagesse, Tamouz devient une période de potentiel spirituel immense, nous guidant vers une connexion plus profonde avec le divin et une rédemption personnelle.

Conclusion

Tamouz, en tant que divinité de la végétation et de la résurrection, a laissé une empreinte durable sur les cultures sémitiques, y compris la tradition hébraïque et la Kabbale. Les mythes, les rites et les symboles associés à Tamouz ont trouvé une nouvelle vie dans les enseignements mystiques de la Kabbale, où ils continuent de symboliser les Guilgoulim et les Shemitoth, les cycles de transformation spirituelle et de régénération.

 

Voir aussi l'article : 17 Tamouz

Commentaires

  • Leoniecaradi

    1 Leoniecaradi Le 04/07/2024

    Bonjour Georges,

    Merci pour tes écrits et liens quotidiens. Je ne comprends pas le liens avec le nombre d'or et chemin de vérité intérieur; "nous pousse à combler les lacunes spirituelles et à atteindre une harmonie profonde, illustrée par la Ħitouk Hazahav [חִתּוּךְ הַזָּהָב], la « section dorée » ou le nombre d’or."
    Pourrais tu le développer? Je te remercie,
    Léonie

Ajouter un commentaire