Le 17 Tamouz est une date profondément ancrée dans la tradition juive, marquée par le jeûne et la commémoration de tragédies historiques. Cette journée, ainsi que la période qui suit jusqu'au 9 Av, est connue sous le nom des « Trois Semaines » – une période de deuil et de réflexion sur les calamités qui ont frappé le peuple juif.
Les Événements Historiques
Selon la Mishna Taanith 4:6, cinq événements majeurs sont survenus le 17 Tamouz :
- Les tables de la loi ont été brisées lorsque Moïse a vu le Veau d’or.
- L’arrêt du sacrifice quotidien au Premier Temple.
- La brèche dans les murailles de Jérusalem par les Babyloniens avant la destruction du Premier Temple.
- L’incendie des rouleaux de la Torah par un chef grec avant la révolte des Maccabées.
- La mise en place d'une idole dans le Temple.
Ces événements symbolisent des moments de crise et de perte spirituelle, accentuant la gravité de cette date dans le calendrier juif.
Les Perspectives Kabbalistiques
Pour comprendre pourquoi ces événements se sont produits en ces mois spécifiques, nous devons nous tourner vers les enseignements kabbalistiques. Le Zohar, dans la parasha Yitro, fournit une clé pour comprendre la signification spirituelle de ces périodes. Il est écrit :
« Jacob a pris pour lui-même deux mois - Nissan et Iyar, et il s'est inclus dans le secret de Sivan qui est les Gémeaux. Ésaü a pris pour lui-même deux mois - Tamouz et Av, etc., car Eloul lui a été enlevé. » (Zohar, II, 78b)
Selon le Zohar, chaque mois de l'année est associé à des influences spirituelles spécifiques. Les mois de Tamouz et Av sont sous l'influence d'Ésaü, symbole des forces destructrices. Cela explique pourquoi ces mois sont marqués par des événements négatifs dans l'histoire juive.
Les Forces de la Sitra Aħra
La Sitra Aħra, ou le côté obscur (l’Autre côté), est une force qui s'oppose à la sainteté. Durant les mois de Tamouz et Av, cette force est particulièrement puissante. Le texte kabbalistique Maâsséh Roqeaħ (sur la Mishnah, Séder Moed, Taanith 24) ajoute une perspective intrigante sur les âmes réincarnées et leur vulnérabilité durant ces périodes :
« Le shor (taureau) qui est un 'dina qashia' (jugement dur [דִּינָא קַשְׁיָא]) est plus susceptible d'abriter une âme en guilgoul, surtout durant les jours de Nissan, car le Satan danse entre ses cornes. Celui qui voit un taureau noir en Nissan devrait fuir, car le mal peut lui causer du tort. Cependant, après qu'il s'est habitué à sa présence, il n'est plus dangereux. Cette mise en garde est spécifiquement pour le mois de Nissan, lorsque le taureau mange l'herbe qui a germé. »
Ce passage explique que certaines périodes de l'année sont plus propices à l'activité du Sitra Aħra. Le mois de Nissan est mentionné ici pour sa capacité à attirer des âmes en guilgoul dans des formes animales dangereuses, comme le taureau noir.
Dina Qashia
Le Zohar explique que Dina Qashia est une manifestation nécessaire dans le monde, permettant de maintenir l'équilibre et la justice. Sans cette force, l'harmonie cosmique serait compromise, et les forces du mal ne seraient pas contenues. Le Dina Qashia, avec sa nature Guevourah, est souvent mis en contraste avec le Jugement doux (Dina Rafia) et sa nature Ħesséd. Léa est associée à Dina Qashia, et Rachel à Dina Rafia.
Un aspect important du Dina Qashia est son rôle dans les concepts du Guilgoul, de purification des âmes, et de mise à l’épreuve des Justes.
Le Lien avec le Veau d'Or
Le texte du Shaâr HaGilgoulim (22:12) fait également référence à l'épisode du Veau d'or, qui a eu lieu en Tamouz. Cet événement est une manifestation du mal qui se dissimule dans des formes idolâtres. Les kabbalistes relient cela à l'idée que le mois de Tamouz est particulièrement dangereux, car il est sous l'influence d'Ésaü, qui symbolise les forces destructrices.
« Et cela est déjà clarifié dans le Shaâr HaGilgoulim au sujet de Younos et Yombrous, les fils de Balaâm le méchant, qui ont fabriqué le veau en Tamouz, et à ce sujet, il est dit : 'à l'image d'un taureau mangeant de l'herbe'. » (Shaâr HaGilgoulim 22:12)
En résumé
Le 17 Tamouz est bien plus qu'une simple date de jeûne ; c'est une période de réflexion profonde sur les forces destructrices qui ont marqué l'histoire des âmes. À travers les enseignements de la Mishnah et les perspectives kabbalistiques, nous comprenons mieux pourquoi ces calamités se sont produites durant ces mois spécifiques. C'est une invitation à méditer sur la nature du mal, à renforcer notre spiritualité et à préparer nos âmes à résister aux influences négatives.
En ces jours de deuil et de souvenir, que nous puissions trouver la force de surmonter les épreuves et de transformer ces moments de tristesse en opportunités de croissance spirituelle.
Commentaires
1 BIJAOUI Sylvie Le 11/06/2024
Est-ce une préparation au 17 tamouz à venir et aux trois semaines qui lui font suite ?
Est-ce que la résistance aux forces obscures ou aux influences négatives passe aussi par le silence ?
Merci pour cet article.