[146b] « Et le soleil se lève et le soleil se couche[1] » – Pourquoi le roi Salomon a-t-il commencé ainsi son Livre de Sagesse ? Rabbi Elâzar dit : Le roi Salomon a basé son livre sur les sept buées (havalim) sur lesquelles le monde est établi. Les piliers et les fondations qui soutiennent le monde sont appelés havalim, car, de même que le corps ne peut perdurer sans « buée » (hévél), le monde ne peut durer sans ces havalim mentionnées par le roi Salomon. Et celles-ci sont au nombre de sept, comme il est écrit : « Buée des buées (havél havalim), dit le Qohéléth, buée des buées, tout est buée[2] » Au total, il y a en a sept.
Tu peux dire : « S'il en est ainsi, le monde est soutenu par des perles précieuses ». Pourtant, ailleurs, il est écrit des buées mauvaises (havalim bishim) qui causent l’occultation du monde, comme avec : « Ceci est buée et maladie mauvaise[3] », et « Ceci... est vanité et tourment d’esprit[4] ». Il en est assurément ainsi. Bien que ces sept havalim soient saintes et nécessaires à l'existence du monde, il existe des havalim correspondants d'où se répand tous les jugements dans le monde. [147a] Elles sont appelées havalim autres. Elles punissent les humains et les corrigent, afin qu'ils empruntent le chemin de la droiture. Elles sont appelées « buée » car y réside une « maladie mauvaise » et « buée » parce qu’elle « tourmente l’esprit ». Elles maintiennent le monde parce qu'elles veillent à ce que les hommes empruntent le chemin de la droiture dans la crainte du Saint, béni soit-Il. C'est pourquoi il y a beaucoup d’havalim qui se répandent à partir de ces sept.
C’est la raison pour laquelle il a commencé par le secret du soleil, qui est une « buée » qui soutient le monde. Un secret pour amener l’humain à la foi supérieure du Saint, béni soit-il. Par conséquent, tout ce qui se trouve sous ce degré n'est pas le secret de la foi. C'est pourquoi il est écrit : « Il n'y a aucun profit sous le soleil[5] », et « dans tout ce qui se fait sous le soleil[6] », car en dessous il ne faut pas s’attacher.
Le soleil avec la lune ne sont qu’un, sans séparation. Bien que la lune soit sous le soleil, tout est soleil. Sans séparation. Et tout ce qui est sous le soleil est tourment d’esprit. Et il est interdit de s'y attacher.
« Et Jacob sortit[7] » – De la nuée occulte, issue d’un mystère clos, émerge le Zohar du miroir lumineux, composé de deux couleurs unies imbriquées [147b]. Parce qu'elles sont incluses l'une dans l'autre, toutes les teintes y sont visibles. C’est l’Argaman (pourpre), toutes les lumières visibles y sont incluses. Elles « pulsent et reviennent[8] ». Et elles ne s'arrêtent suffisamment pour être vues, elles sont connectées au Zohar.
Dans ce Zohar réside ce qui est à part. C'est un nom pour décrire ce qui est clos et de totalement inconnu. On l’appelle « Voix de Jacob ». En elle, on perçoit la Foi totale. C’est l’occulte totalement inconnu. Le Nom Yhwh y réside. Complet (en paix) de tous côtés, en haut et en bas. C'est pourquoi Jacob est accompli parmi les Pères, car il est contenu de tous côtés. Ce Zohar purifie son nom, comme il est écrit : « Jacob que j'ai choisi[9] ». Il a deux noms, Jacob et Israël. D'abord, Jacob et ensuite Israël.
C'est un grand mystère, car à l’origine, il était à la fin de cette Pensée, qui est le commentaire de la Torah écrite, appelée « Torah orale ». C'est pourquoi on l'appelle un « puits » (bér), comme il est écrit : « Moïse a commencé à expliquer (bér) cette Torah[10] ». Car il s'agit d'un puits (bér), qui est une explication (beour) désignée par sept (shevâ), comme il est écrit : « Il a mis sept ans à la bâtir[11] », c’est la Grande Voix.
La fin de cette Pensée c’est Beer-Shevâ (puits des sept) où Jacob a atteint le sommet de la foi. Parce qu'il a adhéré à cette foi, il dut être éprouvé en ce lieu où ses pères furent éprouvés. Là où ils sont venus en paix et sortis en paix.
Adam vint et ne prit pas garde, il a été séduit, et il a failli avec « la femme des prostitutions[12] », le serpent primordial. Noé vint et ne prit pas garde et il fut séduit par elle et fauta, comme il est écrit : « Il but du vin et s'enivra, et il se découvrit dans sa tente[13] ». Abraham vint et sortit, comme il est écrit : « Et Abram descendit en Égypte[14] », et « Et Abram remonta d'Égypte[15] ». Isaac vint et sortit, comme il est écrit : « Isaac est allé chez Abimélek, roi des Philistins[16] », et « Il est remonté de là à Beer-Shevâ[17] ».
Lorsque Jacob accéda au degré de la Foi, il dut apporter [148a] une offrande dans ce côté. Car celui qui en sort est aimé et choisi par le Saint, béni soit-Il. Il est écrit : « Et Jacob sortit de Beer-Shevâ[18] », du côté de la Foi, « et se dirigea vers Ħaran », qui est le côté où se trouve la femme des prostitutions, une femme adultère (idolâtre).
Mystère des mystères – Issue de la virilité de la clarté d'Isaac, et de la lie du vinaigre, émerge un greffon nébuleux (une chimère ?), tout à la fois mâle et femelle, rouge comme une rose, qui s'étend sur nombre de côtés et venelles. Le mâle est appelé Samael et la femelle est toujours incluse en lui. De même que du côté de la sainteté, de l'autre côté, mâle et femelle sont imbriqués l'un dans l'autre. La femelle de Samael est appelée Naħash (serpent), « femme des prostitutions », « extrémité de toute chair[19] », et « extrémité des jours ».
Deux mauvais souffles adhèrent ensemble. Le souffle du mâle est étriqué. Le souffle féminin se manifeste de nombreuses façons et sentiers. Il s'attache au souffle du mâle, outrageusement fardé comme une abominable prostituée se tenant sur les routes et les chemins pour séduire les humains.
Quand un sot s'approche d'elle, elle l’enlace et l'embrasse. Elle lui verse du vinaigre avec un venin âpre. Après avoir bu, il se prostitue avec elle. Quand elle voit qu'il se prostitue avec elle et qu'il se détourne du chemin de la vérité, elle enlève tous ses atours dont elle s’est parée pour ce fou.
Les artifices dont elle use pour séduire les humains sont ses cheveux coiffés, rouges comme une rose. Son visage est blanc et rouge. À ses oreilles sont suspendues six boucles d'oreilles en cordelette d’Égypte. À son cou pendent des breloques des terres orientales. Sa bouche est ornée d'une petite fente de forme agréable. Sa langue est tranchante comme une épée. Sa parole est lisse comme de l'huile. Ses lèvres sont belles et rouges comme une rose, elle est plus douce que tout ce qui est doux dans le monde. Vêtue de pourpre, ornée de quarante parures, moins une.
Le fou la suit, s’abreuve à sa coupe de vinaigre et fornique avec elle. Que fait-elle ? Elle le laisse s’endormir dans son lit et s’élève vers la hauteur pour le dénoncer et reçoit l’aval. Puis elle redescend. Le sot se réveille en pensant la besogner, comme avant. Mais elle a enlevé les atours et s’est transformée en un puissant oppresseur affublé d’un vêtement de feu ardent suscitant une grande horreur qui terrifie le squelette et l'âme. Cet oppresseur a des yeux abominables et une épée tranchante d’où s’écoulent des gouttes amères. L'oppresseur tue le sot et le jette dans le Guehinom.
Jacob descendit vers elle, et se rendit chez elle, comme il est écrit : « et se dirigea vers Ħaran[20] ». Il y vit tous les atours de sa maison et se préserva d'elle. Son mâle, Samael, en fut vexé. Il descendit pour se battre avec lui, mais en vain, comme il est écrit : « et un homme lutta avec lui...[21] ». C'est ainsi qu'il fut sauvé d'eux tous. Il fut complètement accompli et s’éleva d'un degré en complétude. Et il fut appelé Israël. Il devint le Pilier du milieu, dont il est écrit : « Et la traverse du milieu...[22] ».
Que signifie : « Il toucha le creux de sa cuisse[23] » ? Il ne pouvait rien contre lui, mais « il toucha le creux de sa cuisse », à savoir Nadab et Abihou, qui sont sortis des cuisses d'Aaron. De Jacob, il est écrit : « et la traverse centrale au milieu des planches s'étendra d’une extrémité à l'autre ».
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