Variole du singe, analyse

La variole du singe : Avâbouôth haqof [אֲבַעְבּוּעוֹת הַקּוֹף].

« La facture des réseaux sociaux et de l’hyper-communication »

La racine d’avâbouôth est une forme dérivée et intensifiée de la racine baâl [בַּעַל], liée au gonflement ou à la boursouflure. Qui a donné, le maître, le possesseur. La racine est redoublée pour donner בּעע (bââ), ce qui intensifie l'idée de gonflement multiple.

Le singe, imitateur sans discernement, associé au Qof, nous met en garde contre la prolifération de discours vides de sens. À l'ère du numérique, la parole est démultipliée, mais souvent dévoyée, servant à propager des opinions formatées plutôt que des réflexions profondes. C'est l'image d'un langage qui se gonfle d'orgueil (Baâl) sans pour autant se nourrir de vérité.

Le Baâl, maître possessif, nous renvoie à notre relation ambivalente à la technologie. Nous sommes devenus les créateurs de systèmes d'information puissants, mais risquons d'en devenir les esclaves. Nos paroles, nos données, sont constamment captées, analysées, utilisées à des fins qui nous échappent. Nous sommes possédés par nos propres créations, incapables de maîtriser le flux incessant d'informations.

Face à cette cacophonie, le Qof, dans sa dimension de sainteté, nous invite à retrouver une parole authentique, responsable, porteuse de sens et de respect, plutôt qu'à la satisfaction d’un ego numérique surgonflé (Baâl).

La guimatria 748 de Avâbouôth haqof [אֲבַעְבּוּעוֹת הַקּוֹף] nous demande de faire preuve d’humilité devant le vrai Baâl, Maitre, possesseurs et Créateur des mondes, en acceptant Ôl malk’houta dilêila [עוֹל מַלְכוּתָא דִּלְעֵילָּא] (le Joug du royaume d’en haut) et la Shémén hamishħah [שֶׁמֶן הַמִּשְׁחָה] (Huile d’onction) de la Shekhinah haMashiaħ [שְׁכִינָה הַמָּשִׁיחַ] (Shekhinah du Messie).

Avâbouôth est l’un des fléaux d’Égypte : « Elle s’étendra en poussière sur tout le pays d’Égypte et elle s’attachera aux hommes et aux animaux, éclatant en variole (avâbouôth) par tout le pays d’Égypte. » (Exode 9:10).

Selon nos maîtres de la Kabbale, l’avâbouôth est un conflit de Shefâ entre Tiféréth et Din : « Car il est à la tête des sept Sefiroth du Monde de la Création.  Et dans l'aspect de Guevourah, il est la chose qui brûle le monde par le feu. Et dans l'aspect Tiféréth, il devient un furoncle du côté du Din (Jugement) qui est en lui, et brûle le monde avec ces avâbouôth. » (Maguid Mésharim 13:4)

« La variole du singe », qui allie Qof et Baâl nous appelle à une prise de conscience face aux dérives de la communication moderne.  C'est une invitation à retrouver la maîtrise de notre parole, à cultiver un langage responsable, source d'élévation plutôt que d'asservissement.