Un chemin vers la repentance
Contrairement à une idée reçue, la pratique de la confession n'est pas exclusive au christianisme. Le judaïsme possède également sa propre tradition de confession, appelée Vidouï [וִדּוּי] en hébreu. Ce terme, chargé de sens, possède une guimatria de 26, identique à celle du Nom tétragramme Yhwh [יהוה] et de son anagramme havayah [הֲוָיָה]. Ce nombre symbolise également kavéd [כָּבֵד], le foie, organe associé à l'importance et au respect de soi et d'autrui. Une confession sincère peut éclairer et conforter l'individu dans sa quête de sens et de rectitude (lui éviter une crise de foie et renforcer sa foi).
La main, l'encre et la transformation
Vidouï signifie confession, mais aussi divulgation. Lorsque l'on observe le mot « vidouï » [וִדּוּי], l’hébraïsant y voit les lettres de « dio » [דְּיוֹ] et de « yad » [יָד], cela semble suggérer que la confession est un acte écrit de la main. L'acte d'écrire ses fautes peut être considéré comme une forme de confession. Mettre ses transgressions par écrit permet de les concrétiser, de les rendre conscientes et de les analyser plus en profondeur. Cette forme de confession écrite peut être un outil puissant pour l’introspection et le repentir.
La main est souvent associée aux actions, aux actes concrets. La confession peut être alors vue comme une reconnaissance des actions passées, des fautes commises par la main, ou en tant que prolongement de la pensée. En confessant, on prend la responsabilité de ses actes et on s'engage à les corriger de sa main. L'encre est souvent associée à la permanence, à l'inscription durable. La confession peut être vue comme un acte qui marque un tournant, une volonté de changement durable dans sa vie.
Dans ce cadre de Ktivath Vidouï [כתיבת וידוי], de « confession écrite » on peut inclure les « aveux », les « testaments », sous formes de :
- Mik’tav Vidouï [מכתב וידוי], « lettre de confession », une lettre adressée à Dieu, à un guide spirituel, à un proche ou même à soi-même.
- Zikronoth Âvonoth [זכרות עוונות], « mémoires des péchés », un écrit autobiographique dans lequel l'auteur relate ses fautes et ses regrets.
- Teshouvah BeKtav [תשובה בכתב], « Repentir par écrit » (Journal intime de repentance), la repentance et le désir de changement motivant la confession écrite.
- Harshmath Âvonoth [הרשמת עוונות], « Inscription des péchés » (écrit de contrition), l'acte de consigner ses fautes par écrit, comme pour les graver dans la mémoire et les rendre conscientes.
La Confession Verbale
Toutefois, Naħman de Breslev recommandait plutôt la « Confession verbale » à ses disciples, appelée : Vidouï devarim [וִדּוּי דְּבָרִים] :
« Par la ‘Confession verbale’ (Vidouï devarim) devant un véritable Sage, il élève l'aspect de Malkouth en sainteté à sa racine. Et par cela, il annule la domination de l'idolâtrie. Et par cela, il mérite de savoir que tous les événements qui lui arrivent sont pour son bien, et il bénira le Tout-Puissant pour tout, en disant « Le Bon et le Bienfaisant » (haTov vehaMetiv [הַטּוֹב וְהַמֵּטִיב]), qui est un avant-goût du Ôlam haBa (Monde à venir). » (Likoutéi Moharan, chapitre 4, section 3).
Importance et effets de la confession
La confession, qu'elle soit écrite ou verbale, joue plusieurs rôles importants dans la spiritualité :
- Introspection et prise de conscience : Elle permet de concrétiser et d'analyser en profondeur ses transgressions.
- Responsabilité et engagement : En confessant, on prend la responsabilité de ses actes et on s'engage à les corriger (Tiqoun).
- Changement durable : La confession marque un tournant et une volonté de changement dans sa vie.
- Élévation spirituelle : Selon l'enseignement de Naħman de Breslev, elle permet d'élever la sefirah Malkouth à sa Source divine.
- Transformation de la perception : Elle aide à percevoir les événements de la vie comme bénéfiques, menant à une gratitude accrue envers la Providence.
Gravé en soi
Naħman de Breslev va encore plus loin, la confession verbale a le pouvoir de purifier l'individu des conséquences de ses péchés, gravés symboliquement sur ses os, voire dans ses organes. Le Pardon est ainsi accordé et l'âme est purifiée, permettant ainsi un nouveau départ sur le chemin de la Repentance (Teshouvah). Il dit :
« Les péchés d'une personne sont gravés sur ses os. Par la Confession verbale devant un sage, les combinaisons (tséroufim) mauvaises des péchés qui étaient gravés sur ses os en sortent. Et tous ses péchés lui sont alors pardonnés et expiés. » (Likoutéi Moharan, chapitre 4, section 5).
Il ajoute plus loin :
« Chaque fois qu'il vient auprès du sage, il doit lui raconter tout ce qui est dans son cœur. Et par cela, tu es inclus dans l’Éin-Sof. » (ibid., section 9).
En détail et sincèrement
Naħman de Breslev souligne l'importance de la Confession orale détaillée et la difficulté que l'on peut rencontrer à la réaliser. Il propose une solution originale : cultiver la joie, notamment par la danse, pour surmonter les blocages et accéder à la confession sincère qui permettra de réparer les fautes commises.
« Il est indispensable de détailler le péché, car il est nécessaire de se confesser spécifiquement en paroles, à chaque fois, pour tout ce qu'on a fait. Et il y a beaucoup d'obstacles à cela : parfois on oublie le péché, et parfois il lui pèse (kavéd) tellement qu'il lui est difficile de prononcer les mots pour se confesser, et il y a encore beaucoup d'autres obstacles. La solution à cela est de se réjouir grandement dans la joie d'un commandement, tel un mariage accompli selon la mitsvah, ou toute autre mitsvah accomplie avec joie. On doit s'efforcer de se réjouir d'une grande joie, jusqu'à danser beaucoup avec cette joie. Par ce moyen, on méritera de se confesser en paroles. Et par cela, on réparera l'imperfection de ses péchés. » (Likoutéi Moharan, chapitre 4, section 178).
La Confession de Kippour
Vidouï, la Confession, occupe une place centrale le jour de Kippour. C’est le Vidouï shél Yom Kippour [וִדּוּי שֶׁל יוֹם הַכִּפּוּרִים] (Confession de Yom Kippour). Il s'agit d'une récitation liturgique où l'on confesse ses péchés, non seulement individuellement, mais aussi collectivement, en tant que communauté.
Le Vidouï est récité plusieurs fois au cours de Yom Kippour, généralement pendant chacun des cinq services de prière de la journée. La confession commence la veille, lors de la prière de Minħa.
Le Vidouï comprend deux parties principales : Le « Ashamnou » [אָשַׁמְנוּ] (« Nous avons fauté »), une liste alphabétique concise de péchés. Et le « Âl Ħét » [עַל חֵטְא] (« Pour le péché »), une liste plus longue et détaillée de péchés, chaque ligne commençant par « Pour le péché que nous avons commis devant Toi par... ».
Le Vidouï est généralement récité à la première personne du pluriel (« nous »), soulignant la responsabilité collective de la communauté. Même si une personne n'a pas commis un péché spécifique, elle le confesse au nom de la communauté. Pendant la récitation du Vidouï, il est coutume de se frapper légèrement la poitrine à chaque mention d'un péché (le mea culpa chrétien en quelque sorte). Ce geste symbolise le remords et la volonté de changement.
La guimatria 773 de Vidouï shél Yom Kippour [וִדּוּי שֶׁל יוֹם הַכִּפּוּרִים], montre que la confession permet de raviver le triste « Miroir sans lumière » [אַסְפָקָלַרְיָא דְלָא נַהֲרָא] (Aspaqalaria delo nahara), de « Réparer l’humain et le Monde » [תִּיקּוּן הָאָדָם וְהָעוֹלָם] (Tiqoun haAdam ve haÔlam), zfin de s’ouvrir aux « Mondes supérieurs » [עוֹלָמוֹת הָעֶלְיוֹנִים] (Ôlamoth haêlionim). Cette prise de conscience fait réaliser que « Élohim est la terre et les cieux » [אֱלֹהִים אֶרֶץ וְשָׁמָיִם] (Élohim éréts veshamayim) et que « Il fera la paix (dans les hauteurs) [הוּא יַעֲשֶׂה שָׁלוֹם] (Hou yaâsséh shalom). Ces expressions confessant toutes une guimatria de 773.
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Commentaires
1 Banshee Le 05/09/2024