Les événements récents ont mis en lumière un nom devenu courant : Tsahal [צה״ל]. Ce terme désigne l'armée israélienne, et correspond à l'acronyme de Tsavâ Haganah LeIsraël [צָבָא הֲגָנָה לְיִשְׁרָאֵל], ce qui signifie « Armée de défense d'Israël ». Tsahal incarne à la fois la défense nationale et l'identité collective du peuple israélien.
Le mot « Tsahal » [צָהַל], dans son sens premier, signifie « hennir », « pousser un cri strident » ou encore « hurler », et par extension, il exprime une « clameur de joie libératrice ». Ce terme évoque également l’idée de « briller ». Il semble ainsi intégrer un souffle vital [ה] au milieu de l'ombre (tsal [צל]), comme une force qui s'en échappe ou qui s'en libère.
Dans le Matnoth Kehounah, un traité exégétique, un terme obscur du Beréshith Rabbah, « gabor qapouz » [גבר קפוז], est défini de manière intéressante : « Un homme qui saute, c'est-à-dire, exulte (tsahal) et se réjouit, et de bon cœur, bondit sur les montagnes. » Cette expression de joie peut être intérieure, comme dans cette phrase : « Plus que ce que j'ai cherché, j'ai trouvé, jubila (tsahal) l'homme dans son cœur. » (Séfer Adam Min HaAdamah).
Par ailleurs, Tsahal est également l’anagramme du nom Tsilah [צִלָּה] (l’Ombrageuse), qui dans le Livre de la Genèse est la seconde épouse de Lémek, et mère de Tubal-Caïn et de sa sœur Naâma. Ces deux figures bibliques sont des « maîtres des métaux » : Selon les textes de la mystique, Tubal-Caïn forgeait des outils, tandis que Naâma fabriquait des armes, ce qui la classe parfois parmi les démones.
Prophétie d'Ésaïe contre l'Assyrie
Le mot apparaît dans un verset (10:30) du Livre d’Ésaïe :
צַהֲלִי קוֹלֵךְ בַּת־גַּלִּים; הַקְשִׁיבִי לַיְשָׁה עֲנִיָּה עֲנָתוֹת׃
« Hurle (tsahal) de ta voix, Bath-Gallim. Prête attention, Laïsha ! Malheureuse Anatoth ! »
Ce verset s'inscrit dans une prophétie d'Ésaïe contre l'Assyrie, empire qui correspond aujourd'hui à une grande partie de l'Iran, de l'Irak, de la Syrie, ainsi que de la Jordanie et de la Turquie. Cette prophétie, autrefois dirigée contre l'Assyrie, semble revêtir aujourd'hui un caractère prophétique, presque intemporel. Les versets précédents décrivent l'avancée inexorable des armées assyriennes vers Jérusalem, écrasant tout sur leur passage, ce qui explique le ton dramatique et l'urgence du verset.
Les villes mentionnées symbolisent apparemment la progression des malheurs qui se rapprochent de Jérusalem, mais elles peuvent aussi faire écho à différents états d'âme ou de conscience :
Au-delà du contexte historique et géographique, ce passage peut être interprété comme un appel à la vigilance et à l’humilité face aux événements inéluctables, notamment lorsqu'ils sont perçus comme des manifestations du Din (Jugement). Il est intéressant de noter que la guimatria de Tsahal (125) correspond à celle de Yom haDin [יוֹם הַדִּין] (Jour du Jugement), ce qui renforce l'idée d'un lien symbolique avec la justice divine.
Les villes mentionnées dans ce verset – Bath-Gallim, Laïsha et Anatoth – symbolisent apparemment la progression des malheurs qui s’approchent de Jérusalem. Cependant, elles peuvent également être perçues comme des échos de différents états d'âme ou de conscience, représentant des étapes spirituelles que traversent ceux qui font face à une catastrophe imminente.
Un chemin de transformation spirituelle
- Bath-Gallim [בַּת־גַּלִּים], la « Fille des vagues », était un petit village situé au nord de Jérusalem. Il symbolise la confusion initiale et le premier signal d'alarme, celui qui nous pousse à réagir face à l’instabilité ou aux tempêtes de la vie. Son hurlement (tsahal) incarne ce premier cri intérieur, le besoin urgent de sortir de la passivité et de répondre à l'appel de la vie spirituelle. C’est une étape de réveil, où l’âme est ébranlée par les bouleversements extérieurs et se prépare à entrer dans une dynamique de transformation.
- Laïsha [לַיְשָׁה], « la Lionne », une autre localité proche de Bath-Gallim, évoque à la fois la force potentielle et la vulnérabilité face à la destruction. Elle symbolise la prise de conscience progressive de notre propre fragilité et de la nécessité de faire face aux défis spirituels. L'invitation à « écouter » dans le texte biblique renvoie ici à l’écoute intérieure, un moment de réceptivité où l'âme perçoit les vérités profondes qui sous-tendent notre existence. La force de la lionne, qui à première vue représente la puissance, se révèle être également un symbole de sensibilité et de discernement spirituel.
- Anatoth [עֲנָתוֹת], les « Exaucements », située au nord-est de Jérusalem et connue pour être la ville natale du prophète Jérémie, incarne l'attente du Jugement (Din). Affligée, elle représente la souffrance déjà présente, la douleur inévitable de l'existence humaine. Anatoth symbolise ainsi l'humanité face à ses propres erreurs et à ses errances spirituelles. Toutefois, au sein même de cette affliction réside un rappel important : même dans la souffrance et l’épreuve, il existe une Présence divine, et cette souffrance peut devenir une voie vers la rédemption, à condition d’accepter humblement nos propres vulnérabilités.
Les initiales des noms de ces trois villes forment le mot biléâ [בִּלֵּעַ], qui signifie « détruire » ou « engloutir ». Ce terme apparaît à plusieurs reprises dans la Bible, souvent dans des contextes de destruction totale ou d’annihilation. Un exemple frappant se trouve dans ce même Livre d’Ésaïe :
« Il détruira (biléâ) la mort pour toujours, et Adonaï, Yhwh, essuiera les larmes de tous les visages. » (Ésaïe 25:8).
Ainsi, ce verset peut être perçu comme une métaphore d’un parcours de transformation spirituelle. L’âme, d'abord secouée par la confusion et le tumulte (Gallim), est ensuite amenée à une écoute attentive et consciente (Laïsha), avant de traverser la souffrance inévitable, qu’il faut accueillir avec humilité (Anatoth). Ce cheminement spirituel conduit finalement à une forme de salut, où la destruction, loin d'être uniquement négative, devient l'agent d'une régénération profonde de l'âme.
En conclusion, il apparaît que la prophétie d'Ésaïe et le symbolisme profond des noms évoqués nous invitent à un voyage intérieur, où la destruction ne doit pas être perçue comme une fin, mais comme une transformation nécessaire. À travers les cris de Bath-Gallim, l’écoute de Laïsha, et la souffrance d’Anatoth, nous sommes amenés à comprendre que la vie spirituelle est un mouvement constant entre chaos et rédemption. La destruction, représentée par biléâ, n'est pas une annihilation de l'âme, mais une voie vers sa purification, une dissolution des illusions qui nous voilent la Vérité. Ainsi, ce processus nous enseigne que, dans chaque tumulte et dans chaque affliction, se cache une possibilité de renouveau, un rappel que la lumière peut émerger de l'ombre, et que la clameur de l'âme, lorsqu'elle est entendue, devient le prélude à une joie libératrice. Loin d’être un simple cri de guerre, Tsahal incarne alors la lutte intérieure pour la justice, la vigilance et la renaissance spirituelle – une lutte qui transcende les frontières et le temps, et qui résonne avec l’appel éternel de l’humanité vers une paix véritable et durable.
Commentaires
1 slanpa21 Le 02/10/2024
2 Raphaël PONCHON ABEL Le 21/10/2024
Quel magnifique partage ! Quelle profondeur ! Quelle Beauté !
Je connais votre nom depuis tant d'années...
Une partie de moi désir lire vos livres depuis si longtemps...
Mais vous avez tellement écris, tellement approfondi de sujets tous si passionnants, que je suis perdu et ne sais même pas par quoi commencer...
Je suis un cherchant depuis ma tendre enfance.
J'aime D.ieu de tout mon Coeur et de tout mon Être, au point que parfois, il me manque.
A l'âge adulte, j'ai pu nourrir progressivement ma soif de spiritualité, grâce à diverses voies et aussi, divers voix d'auteurs.
Notamment, et pas exclusivement, suite à un livre autobiographique d'un alchimiste opératif, qui m'avait été conseillé par un ami alchimiste spéculatif, début 2022. Après avoir fini et fermé le livre, j'ai (entre autres) été à la rencontre de Josiane POENSGEN, ici au Luxemboug... et c'est elle, qui tout récemment, m'a suggérer de vous lire / écouter, et qui donc m'a également partagé le lien de votre Blog :)))
Et donc, me voici !
"Hineni"
Pour revenir à ce sujet abordé, il s'agit du tout premier thème qui m'a le plus attiré, parmi tant d'autres sur votre Blog, et sa découverte m'a remémoré certaines étapes dans mon parcours d'âme incarnée, où chaque épreuve qui m'a terre-assée par la douleur a toujours été pour moi, source de re-naissance et de trans-formation.
Votre approfondissement m'a également fait penser à...
...Ce Phénix, animal à la fois volant (Air) et Terre-stre, qui renaît après avoir été détruit par le Feu (certainement, purificateur)... Ou encore, telle la chenille qui accepte la mort inéluctable à elle-même, et à ce qu'elle a été, pour renaître dans une forme finale (et originelle) la plus majestueuse, dotée d'une légèreté éblouissante !
Le monde actuel est donc, selon moi, l'opportunité unique de réveiller et d'éveiller l'Humanité individuelle et collective pour engendrer un sursaut et une re-naissance globale.
En tous les cas, c'est tout ce que je peux souhaiter à tous les citoyens de ce Monde physique, lorsque je vois le chaos ambiant et incessant.
J'ai hâte de revenir sur votre Blog et poursuivre mon apprentis-sage.
Vous souhaitant, Monsieur LAHY une belle et Lumineuse semaine,
Raphaël