Souccoth, la Fête des Cabanes, est bien plus qu'une simple commémoration historique. C'est une invitation vibrante à une connexion profonde avec la transcendance, une opportunité d'accéder à des dimensions spirituelles supérieures et de révéler la lumière cachée en chacun. La Souccah, fragile structure éphémère, devient un espace saint, un portail vers pour accueillir le Shefâ. Comme le souligne le Likoutéi Moharan :
Par le commandement de la Souccah, on mérite le Shefâ... qui est l'aspect de la Binah qui vient à l’humain.
En habitant la Souccah, on s’ouvre pour accueillir un Shefâ qui nourrit l’âme. Cet espace, dépouillé du confort habituel, recentre sur l'essentiel. La Souccah purifie le cœur.
« Par le commandement de la Souccah, on mérite la pureté du cœur, et par cela... d'exposer clairement sa conversation devant HaShém ». (Likoutéi Moharan 156 et 21).
Un cœur pur affine la communication avec l’Être Infini (Havayah).
La fragilité de la Souccah, exposée aux éléments, rappelle la vulnérabilité et le besoin de protection divine. L'impermanence encourage le détachement matériel et la construction d'une demeure spirituelle solide.
La Souccah est catalyseur de paix et d'unité.
« La Souccah est... une protection contre les querelles... et le vrai maître de la génération est révélé. Et par cela, tous retourneront vers HaShém... d'un seul cœur. » (Likoutéi Moharan 48)
Sous son toit fragile, elle permet à chacun de transcender les différences.
La Hutte de la Paix
Le Talmud de Jérusalem (Berakhoth 4:5) relie la Souccah à la prière pour la reconstruction du Temple de Jérusalem, mentionnant – « Il étend une Souccath shalom (Souccah de paix) sur nous ». Cette idée de Souccath Shalom est centrale. La Souccah devient un microcosme du Temple détruit, un lieu d'aspiration à la paix universelle et à la restauration de l'Unité. Le Midrash Tehillim (6:1) associe également la Souccath Shalom aux sept bénédictions de la prière du soir, soulignant son rôle dans la protection spirituelle quotidienne.
Le Séfér haZohar (Pinħas 121) décrit la Shekhinah comme une Souccah qui protège le peuple d'Israël. La bénédiction – « Celui qui étend la Souccah de paix sur nous » (haporéss Souccath Shalom âléinou) - invoque cette protection divine. L'amour entre Dieu et Israël est comparé à une flamme que « les grandes eaux ne peuvent éteindre », symbolisant la résistance face à l'adversité. Même les nations, représentées par « les grandes eaux », ne peuvent éteindre cette flamme.
De plus, le Zohar (Beréshith 78) associe le Shabbath à la Souccath Shalom, une hutte de paix qui s'étend sur le monde entier, offrant une protection et une tranquillité même aux damnés de l'enfer. Cette paix du Shabbath préfigure la paix messianique ultime. La bénédiction de Qiddoush du Shabbath, qui mentionne la Souccath Shalom, connecte à cette dimension de paix transcendante et invite à la manifester dans la vie de chacun.
La Souccah rappelle que la Torah est accessible à tous. « En entrant dans la Souccah, on devient... à l'image de la Torah. » (Likoutéi Moharan 276) Elle symbolise la révélation de la Sagesse suprême.
La guimatria 862 de « souccath shalom » [סוּכַּת שָׁלוֹם] évoque une rencontre intérieure avec l’autre, « d’âme à âme » (néfésh banéfésh [נֶפֶשׁ בַּנֶּפֶשׁ]), de même valeur.
Le simple mot « souccah » [סוּכָּה], avec sa guimatria 91, indique que cette hutte est un espace permettant à Yhwh et Adonaï de se rencontrer, puisque leur union [יהוה אדני] compte la même valeur. Ainsi, la souccah est le « Palais de Yhwh » (Heikhal Yhwh [הֵיכַל יְהוָה]).
Un Refuge de Paix au Quotidien
La Souccah physique, construite pour Souccoth, offre une puissante leçon qui transcende les jours de la fête. Elle inspire pour créer et préserver un espace sacré intérieur, une Souccath Shalom personnelle et intime, accessible à tout moment. Pour cela, il suffit de visualiser un lieu en soi, un refuge de paix et de sérénité, construit avec les matériaux de la foi, de l'espoir. Ce sanctuaire intérieur sera un lieu qui évoque un sentiment de calme et de bien-être.
Lorsque le tumulte du monde extérieur s’enflamme, lorsque le doute et le désarroi s’emportent, il suffit alors de fermer les yeux, respirer profondément et prononcer les mots : « Souccath Shalom ». Puis, laisser ces mots agir comme une clé magique qui ouvre la porte du sanctuaire intérieur.
La Souccath Shalom intérieure n'est pas un lieu d'évasion, mais un lieu de ressourcement. Elle permet de se reconnecter à l’essence divine, de retrouver la force intérieure et d'affronter les défis de la vie avec courage et sérénité. En cultivant ce refuge intérieur, se construit une fondation solide pour une vie de paix, de joie et d'épanouissement spirituel, bien au-delà des jours de Souccoth.
Puisse les Souccoth être l'occasion d’édifier en chacun une Souccah, un espace de connexion, de purification et de révélation, et d'accueillir la Souccath Shalom, la Paix éternelle qui englobe tout.
Commentaires
1 Banshee Le 16/10/2024
2 Gould Le 17/10/2024
Georges Lahy Le 23/10/2024
3 BIJAOUI Sylvie Le 17/10/2024
Et à la portée de chacun(e) de construire cette souccah intérieure comme refuge, lieu de recueillement et de partage avec l’Unité.
4 mbp41 Le 20/10/2024