En continuant mon exploration de la littérature satellitaire du Séfér haZohar, je suis tombé sur un texte qui a attiré mon attention : Sitréi Othioth [סתרי אותיות] (Mystères des Lettres). Puis en cherchant comment le situer dans le corpus du Zohar, je me suis aperçu qu’il faisait partie du Zohar Ħadash, une collection de manuscrits contenant du matériel relatif au Zohar et de commentaires mystiques sur la Torah, non inclus dans les éditions imprimées de l’ouvrage. Les manuscrits ont ensuite été organisés, principalement par parashah de la Torah, et imprimés en tant qu’ouvrage à part entière.
Le texte est trop long pour en proposer une traduction ici, mais en voici une synthèse de lecture :
Le texte Sitréi Othioth du Zohar Ħadash commence par une discussion sur les « Mystères des lettres », affirmant que chaque lettre est liée à une Retika [רְתִיכָא], une « chaîne » d’énergie spirituelle. En réalité, la Retika est un attelage et peut faire écho au concept de Merkavah. Rabbi Shimon bar Yoħai, toujours principal narrateur, introduit les concepts des lettres saintes inscrites sur des mystères cachés, organisées en fonction des quatre points cardinaux et correspondant aux différents aspects de la création.
Les Lettres du Tétragramme
Yod [י]
La lettre Yod est décrite comme un point unique et caché, symbolisant la Maħshavah [מַחֲשָׁבָה], « Pensée cachée », et représentant le Point de départ de la Création. Elle est liée à la Sagesse suprême (Ħokhmah êliyon) qui est secrète et inconnue.
« Le mystère du Yod s’élève et descend, se terminant dans une centaine de mondes. Recevant le Yod, il s’élève dans l’esprit de la pensée, se cache et n’est pas connu. »
Hé [ה]
La lettre Hé est décrite comme un espace ouvert, symbolisant Le Kavod [כָּבוֹד] la « Gloire divine » et représentant la manifestation physique du monde. Elle contient en elle les cinq dimensions de la Miséricorde divine et est également liée aux cinq attributs de Dieu.
« Cette [lettre] Hé supérieure est couronnée du secret des cinquante, et ces merveilles sont les cinq supports en elle. »
Vav [ו]
La lettre Vav est une connexion entre le ciel et la terre, représentant l’humain (ou l’humanité) dans sa dimension spirituelle. Elle est associée à la « Miséricorde » et à la « Bonté » et symbolise l’unité et la continuité dans le processus de la Création.
« Le Vav supérieur, existant dans cinq supports supérieurs, repose sur le Hé supérieur. »
Hé final [ה]
La lettre Hé finale symbolise le monde inférieur, la matérialisation des forces divines dans le monde. Elle est également associée à la révélation finale et à la pleine manifestation de la divinité. Elle représente le retour à l’unité après la séparation et la dispersion des énergies créatrices.
« Et dans le secret d’Énokh, il y a un autre Hé en bas, lié à ce Hé, et toutes les forces sont en pleurs. »
Les Interconnexions, les Sefiroth et la Création
Le texte explore comment ces lettres sont interconnectées, formant des structures spirituelles complexes. Chaque lettre influence les autres et ensemble, elles forment une harmonie divine. Le Zohar utilise des métaphores telles que des chemins, des points et des lignes pour expliquer ces interconnexions.
Le texte met l’accent sur le concept des 10 sefiroth qui structurent la création. Chaque lettre du Tétragramme est associée à une ou plusieurs sefirot, formant des structures spirituelles complexes.
« Ainsi, le Hé est couronné du secret des cinquante et de ces merveilles qui sont les cinq supports en elle. Et quand elle est couronnée et étendue, elle est magnifiée du secret du Noun en elle-même. »
Dualité entre le Bien et le Mal
Le texte explore également la dualité entre le bien et le mal, représentée par les côtés droit et gauche de la Création. Il propose une autre vision de la latéralité : Le côté droit, associé à la lettre Vav, est le côté de la Miséricorde et de la Bonté, tandis que le côté gauche, associé à la lettre Hé, est le côté de la Rigueur et du Jugement.
« Le côté droit, associé à la Miséricorde, et le côté gauche, associé à la Rigueur, sont équilibrés pour maintenir l’harmonie dans l’univers. »
Soutien de la Torah
Le texte utilise des exemples tirés de la Torah pour illustrer ses points. Par exemple, le verset « Élohim appela la Lumière jour » est interprété comme une référence au flux de Shefâ émanant de la sefirah Kéter vers la sefirah Malkouth à travers la lettre Vav.
Les mondes spirituels
Le livre évoque différents niveaux de réalité spirituelle, notamment à travers la description de sept terres superposées.
« Il y a sept terres, l’une au-dessus de l’autre, et elles sont l’ordre du monde en sept nœuds. »
Symbolisme numérique et cosmologique
Le texte fait un usage extensif du symbolisme numérique, associant des nombres à des concepts spirituels et cosmologiques.
« L’année lunaire compte 354 jours, pourquoi ? Sept semaines pour correspondre à ce septième degré, la mer supérieure qui reçoit quarante-neuf lumières supérieures du Juste. »
En conclusion, ce texte du Zohar Ħadash offre une lecture mystique de la Création basée sur les lettres hébraïques. Il met en lumière la signification cachée du Tétragramme et son rôle dans la manifestation de la réalité, tout en explorant les concepts fondamentaux de la Kabbale. La contemplation des lettres sacrées est présentée comme un moyen d’accéder à des niveaux supérieurs de conscience et de connexion spirituelle.
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