Beréshith - Au commencement, la Création de l'univers n'a en rien modifié l'Essence Divine, éternelle et immuable. Comment est-ce possible, alors que le monde, dans son incessante métamorphose, témoigne du changement ? Si l'effet se transforme, ne devrait-il pas en être de même pour la cause ? Comment un Dieu inaltérable peut-il être à l'origine de cette diversité fluctuante ? De plus, en implorant l’Être suprême de fléchir son Jugement en faveur de la Miséricorde, ne cherchons-nous pas à influencer Son invariable volonté ?
Pour éclaircir ce mystère, il est essentiel de distinguer entre la « Lumière » (Or) et l' « Influence » (Shéfâ). La Création ne s'est pas faite selon un schéma de cause à effet, ce qui impliquerait un changement dans la Cause. Elle procède plutôt d'une diffusion de « Lumière », indiquant qu'aucune altération ne s'opère dans la Source elle-même. Lorsqu'un maître partage un savoir, son intellect demeure intact, sa parole inépuisable, révélant ainsi la nature de la Lumière qui ne se dégrade ni ne se diminue à travers sa transmission. L'élève reçoit une lueur de cette connaissance, « Lumière dérivée » (or shél toldah) (litt. Lumière d'engendrement), sans jamais épuiser la source première.
À l'inverse, l' « Influence » (Shéfâ) de cause à effet se manifeste dans l'effort physique, comme soulever une pierre, où l'énergie déployée varie en fonction du poids à lever, soulignant une interaction directe et mesurable entre cause et effet, marquée par la limitation et la déperdition de force.
La Création du Monde, par conséquent, n'a pas altéré l'essence de l’Être suprême. Les apparences de changement ne surviennent qu'à travers le Tsimtsoum, permettant l'émanation des mondes, et même alors, uniquement du point de vue des récepteurs, par extension, des kabbalistes. L'analogie du soleil, dont la lumière se colore différemment à travers les vitraux sans que cela n'altère sa nature ou celle de son rayonnement, illustre parfaitement ce principe. Les vitraux, tels le Tsimtsoum, filtrent la lumière, révélant des nuances uniquement aux yeux des observateurs, sans affecter la source lumineuse.
Dans ce contexte, l'Essence divine, se compare au soleil, tandis que la lumière qu'il dispense équivaut à l'Or Éin Sof, la Lumière de l'Infini. Les vitraux, représentant le Tsimtsoum, modulent cette lumière sans en altérer la source ni la substance. Ainsi, de la perspective divine, aucun changement ne s'opère, affirmant que, par essence, le « Shéfâ » se manifeste exclusivement sous forme de « Lumière », et non d' « Influence », et ce, même à travers le prisme du Tsimtsoum qui ne saurait altérer ni la Source ni Sa Lumière éternelle.
Le terme Shéfâ [שֶׁפַע] peut ainsi s’entendre de deux façons, la première est son sens simple d’influence ou d’abondance, de profusion. La seconde plus mystique est le flux occulte que l’on peut retirer et ressentir par la lumière. Une « essence extraite de l’essence » : âtsmouth meâtsmouth [עַצְמוּת מְעַצְמוּת]. L’allusion à cela se trouve dans la guimatria 450 de Shéfâ [שֶׁפַע], qui correspond à l’expression d’Adam dans la Genèse : Êtsém méâtsami [עֶצֶם מֵעֲצָמַי] : « Os de mon os » (ou « essence de mon essence »). Cette essence est un effet issue d’une Cause dissimulée dans le « premier Yod du Nom » (Yod rishonah shél Shém [יוֹד רִאשֹׁונָה שֶׁל שֵם]), dont la guimatria 1252 correspond à âtsmouth meâtsmouth [עַצְמוּת מְעַצְמוּת].
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