Intériorité et Extériorité

Georges Lahy Par Le 03/05/2024 1

Une Réflexion sur l’Équilibre de l’Être

Chaque être porte en lui deux Mondes : la Pnimiyouth [פְּנִימִיּוּת], l’Intériorité, qui est le domaine de la pensée, de l’esprit et de la quête de sens, et Ħitsoniyouth [ִחִיצְונִיות], l’Extériorité, qui représente nos actions, nos interactions et notre présence dans le monde matériel. Cette dualité n’est pas une division, mais un dialogue constant entre ce qui est au-dedans et ce qui est au-dehors. Ces deux dimensions de l’Être, se déploient dans les deux Mondes, Pnimiyouth en Ôlam haBa et Ħitsoniyouth vers Ôlam haZéh.

La Pnimiyouth de l’être peut être vue comme le centre de la réflexion et de la conscience spirituelle, là où se forment les valeurs profondes et les aspirations idéalistes. C’est le lieu du « ani » (moi) qui cherche à comprendre, à ressentir et à transcender. La Ħitsoniyouth, quant à elle, est notre façade, l’expression visible de nos choix, le théâtre de nos actions qui interagissent avec ce monde-ci. C’est le lieu du « atha » (toi), de l’altérité, de la relation avec la communauté constituée « d’autres ».

Dans chaque communauté, il y a ceux qui sont profondément ancrés dans la contemplation ou l’activisme spirituel, et ceux qui sont engagés dans les activités concrètes du quotidien. Cette distinction se retrouve à l’échelle individuelle. En chacun de nous réside un aspect profond, soucieux de valeurs élevées et de significations profondes, et un aspect plus terrestre, orienté vers les besoins et les désirs personnels. Ainsi certains connectent « ani » et « atha » par l’Intériorité et d’autres par l’Extériorité.

La clé de la vie bien menée réside dans notre capacité à équilibrer ces deux aspects. En renforçant notre Intériorité, en lui donnant la priorité, nous enrichissons notre existence, nous orientons nos actions vers des buts plus élevés, et nous modulons notre influence sur le monde extérieur. En écrivant : « Celui qui regarde à l’extérieur rêve ; celui qui regarde à l’intérieur s’éveille. », Carl Jung met en lumière la nécessité de se concentrer sur notre monde intérieur pour atteindre une véritable compréhension et éveil, plutôt que de se laisser distraire par le monde extérieur.

Car, si nous nous laissons submerger par notre Extériorité, en accordant trop d’importance à nos besoins égoïstes ou matérialistes, nous risquons de négliger notre développement spirituel et de limiter notre contribution au monde.

Il en découle que chaque effort fait pour nourrir notre Intériorité peut avoir un impact sur notre environnement. En faisant rayonner nos valeurs intérieures, nous avons le pouvoir d’inspirer et d’élever ceux qui nous entourent, en encourageant une appréciation réciproque et en établissant un respect mutuel. En chantant : « Hier, j’étais intelligent, donc je voulais changer le monde. Aujourd’hui, je suis sage, donc je me change moi-même », Djalâl ad-Dîn Rûmî parle de la transformation personnelle comme première étape vers un impact plus large, renforçant l’idée que le travail sur soi précède l’influence sur le monde extérieur.

En fin de compte, la balance entre Pnimiyouth et Ħitsoniyouth est un acte de jonglerie quotidien, qui demande de nous une conscience constante et une détermination à vivre authentiquement. C’est en cherchant à harmoniser ces deux dimensions que nous pouvons aspirer à une existence plus complète et influente, contribuant ainsi à un monde plus équilibré et intégré. Pour résumer tout cela, Socrate a simplement dit : « Connais-toi toi-même », encourageant l’exploration et la compréhension de notre Intériorité, soulignant l’importance de la conscience de soi dans la quête de la Sagesse.

Dans l’éther de l’existence, nous, observateurs, forgeons la réalité à chaque pensée, à chaque observation. L’acte de percevoir modifie ce qui est perçu, un principe fondamental illustrant que l’Intériorité et l’Extériorité ne sont pas deux mondes isolés, mais un seul tissu, vibrant au rythme de nos consciences.

Comme des particules entrelacées, nos âmes et nos actions partagent une étrange corrélation. Le monde intérieur, ce jardin secret de l’esprit, éclaire nos pas dans le dédale extérieur de la matière et du mouvement. Ce que nous nourrissons dans le silence de notre intériorité résonne dans l’univers extérieur, influençant notre réalité collective selon un schéma subtil mais puissant.

L’être humain n’est ni purement esprit ni purement matière, mais une oscillation constante entre deux états, cherchant son équilibre, son point de cohérence. La Sagesse, alors, est de vivre pleinement cette dualité, de l’embrasser pour créer un chemin qui mène vers une harmonie plus profonde.

Chaque effort pour atteindre l’équilibre est une quête pour découvrir ce point où l’Intériorité et l’Extériorité convergent — un lieu de pure potentialité. C’est dans ce Sanctuaire intime que le pèlerin de l’Absolu puise la force de transformer le monde extérieur. C’est par la transformation de soi que se révèle la Beauté cachée de l’existence, reflétant la lumière de la Connaissance et de la Miséricorde dans les miroirs du cosmos.

Considérons la vie comme un champ d’expériences interconnectées où la transformation personnelle et la réalité externe sont indissociablement liées. Chaque pensée et chaque action sont des vagues qui se propagent à travers le tissu de l’univers, influençant et étant influencées par la résille plus large de la Réalité.

Commentaires

  • Kennedy

    1 Kennedy Le 04/05/2024

    Bonjour ,
    Sur ce sujet lire "Kabbale extatique etTsérouf" .
    Tout y est expliqué et développé à merveille .

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