Flowers

Georges Lahy Par Le 05/03/2024 1

Fleurs et otages

Ce texte est inspiré du fait que la chanson d'Israël pour l'eurovision a été refusée, car il y avait des allusions implicites aux victimes du progrom. La situation s’est compliquée davantage lorsque la chanson de remplacement a été refusée pour l’inclusion du terme « flowers ». Il est allégué que ce mot serait utilisé comme code par les soldats israéliens pour désigner les otages et les victimes. Cette décision soulève des questions sur l’interprétation future des œuvres musicales contenant le mot «flowers».

Dans le jardin de l’âme, les « fleurs » (péraħim [פְּרָחִים]) s’épanouissent sous la Rouaħ Élohim issue d’Éin-Sof (Souffle divin de l’Infini), leurs pétales délicats caressés par la Lumière de la Sagesse suprême (Ħokhmah êliyon). Chaque corolle est un ôlam (monde), un éclat d’Ôlam haBa, chaque couleur un écho de la Divine Harmonie. Dans la contemplation de leur beauté simple et pure, l’esprit trouve la quiétude, ce silence intérieur où réside la présence du Tout.

Pourtant, dans ce même jardin, des « otages » (ħatoufim [חָטוּפִים]) sont retenus, enracinés dans les mailles de la séparation. Ils sont comme les pensées et les désirs qui s’accrochent à l’éphémère, isolés de leur source, leur essence véritable. Ces otages sont les reflets de nous-mêmes en errance séparé des délices de l’Unité suprême, qui recherchent l’appel de la lumière intérieure.

Pour Abraham Aboulâfia, ces otages, semblables à des fleurs qui ne peuvent pas s’épanouir librement, ce sont des nœuds (qéshérim), des liens qui attache l’âme au corps. Il nous enseigne que la méditation sur les Noms divins est la clé qui peut libérer ces otages, dénouer ces « nœuds ». En évoquant et en visualisant les lettres saintes et les délices de leurs voyelles, nous déverrouillons les portes de notre conscience, permettant à l’Intellect Agent de déverser le Shefâ libérateur. Ainsi, celui qui se libère intérieurement et s’épanouie comme une fleur, favorise la libération de tous ceux qui sont noués et pris en otages dans l’obscurité de « l’Autre côté » (Sitra Aħara). « Un être qui se libère favorise la libération de mille », c’est la règle du Aléf : « 1-1000 ».

C’est un voyage intérieur où les fleurs de l’âme se libèrent de leurs chaînes, où les otages se transforment en messagers de vérité.

La Kabbale prophétique n’est pas une quête de pouvoir ou de connaissance extérieure, mais une invitation à la transformation intérieure qui favorise la mutation extérieure. Elle nous appelle à reconnaître que nous sommes à la fois le jardinier et le jardin, le captif et le libérateur. En nous, les fleurs et les otages coexistent, attendant que nous choisissions la voie de la Sagesse et de la Paix.

Dans l’ascèse de cette Kabbale, nous apprenons à voir au-delà des apparences, à percevoir la Lumière cachée dans chaque aspect de la Création. Les fleurs deviennent des symboles de notre potentiel éveillé, et les otages, des rappels de notre travail inachevé sur le chemin de l’Union mystique.

La Sagesse de la Kabbale est un baume pour l’âme agitée. Elle nous offre des outils pour naviguer dans les eaux parfois très tumultueuses de l’existence, pour trouver le calme au cœur de la tempête. En méditant sur les Noms divins, nous nous alignons avec le rythme de l’univers, et nos vies reflètent la sérénité des cieux.

Ainsi, dans le jardin de l’âme, les fleurs et les otages ne sont pas antonymiques, mais partenaires dans la rotation de la vie. Chaque fleur qui s’ouvre est un otage libéré, chaque otage qui se libère est une fleur qui s’épanouit. Et dans ce processus continu, nous découvrons la Sagesse et la quiétude qui sont notre héritage.

Commentaires

  • Banshee

    1 Banshee Le 05/03/2024

    Quel beau texte qui fait fleurir de belles réflexions. Merci Georges

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